6 mars 2012

Facture moins salée pour le déglaçage

Québec le 06 mars 2012 - En cinq ans, la Ville de Québec a coupé de 25 % la quantité de sels de déglaçage épandus sur son réseau routier et réalisé des économies de 4 millions $.

Ce n'est pas le fruit du hasard. En 2006, la municipalité s'est dotée d'un plan de gestion des matériaux fondants afin de quantifier sa consommation et d'uniformiser ses pratiques d'épandage. À l'époque, près de 100 000 tonnes de sels, représentant une dépense de 3,5 millions $, étaient nécessaires pour déglacer les quelque 2550 kilomètres de rues et 1160 km de trottoirs de Québec.

Cinq ans plus tard, la consommation de fondants en régie a diminué de 11 000 tonnes par hiver en moyenne, si l'on tient compte des variations dans les précipitations de neige. Un nombre qu'il faut minimalement multiplier par deux pour obtenir les économies réelles.

En effet, la moitié des rues de la capitale sont déneigées par des sous-traitants, qui sont soumis aux mêmes normes d'épandage que les cols bleus. Les entrepreneurs privés sont toutefois responsables de l'entretien de plusieurs des grandes côtes qui relient la haute et la basse ville, dont Salaberry, Saint-Sacrement et de la Montagne. Québec calcule donc que la quantité de sels utilisée et le potentiel d'économie sont légèrement plus élevés du côté du privé.

De façon paradoxale, c'est l'hiver du siècle, celui de 2007-2008 où 558 centimètres de neige sont tombés sur la tête des résidants de Québec, qui a été le moins salé parmi les derniers. Une moyenne de 68 tonnes de sels par centimètre tombé a été utilisée, contre 113 en 2005-2006 et 78 l'an dernier.

Peu apparent sur papier

Sur papier, les économies ne sautent pas aux yeux, car le prix du sel a beaucoup augmenté entre 2006 et 2011, passant de 57 à 73 $ la tonne. Les dépenses en régie ont conséquemment varié entre 1,1 et 2,3 millions $. Le service des Travaux publics calcule toutefois épargner 809 392 $ par année sur la base d'un hiver normal avec 320 centimètres de neige reçus.

Tout ça grâce à une meilleure planification des routes et des opérations de déglaçage, explique Jacques Perron, porte-parole de la Ville de Québec. Au lieu de mettre du sel partout tout le temps, les déneigeurs s'ajustent à l'environnement. « Dans le Vieux-Québec ou dans les quartiers où on a des résidences quasiment collées sur la chaussée, où les sels de déglaçage viennent créer de sérieux problèmes à la maçonnerie, on est passé plus à une utilisation de sable et de pierraille », explique-t-il.

Les quantités de fondants utilisées autour du lac Saint-Charles, réserve d'eau de la Ville de Québec, et des autres cours d'eau d'importance ont également été revues à la baisse. Dans les quartiers excentrés et purement résidentiels, seules les intersections et les zones d'arrêt obligatoire sont traitées puisque les risques de dérapage y sont plus importants.

« Ça reste sécuritaire, mais on en fait une utilisation beaucoup plus judicieuse », résume M. Perron.

Forte de ces résultats, la Ville de Québec compte maintenant adhérer à la Stratégie québécoise pour une gestion environnementale des sels de voirie. Ce programme provincial, volontaire, invite les administrations publiques et privées à mieux planifier leur utilisation de fondants. Le but est de réduire au minimum les quantités épandues de façon à épargner l'environnement sans toutefois affecter la sécurité routière. Outre le ministère des Transports, six municipalités (Blainville, Shawinigan, Saint-Hyppolite, Brossard, Longueuil et Magog) participent actuellement à la stratégie.

Source : Annie Morin , Le Soleil.