Dégel – Période de restrictions de charges

​​​​​​​​ En période de dégel, roulez légerChaque printemps, le Ministère détermine les dates de la période de dégel pour les trois zones de dégel que compte le territoire québécois. Au cours de cette période, les véhicules lourds circulant sur l’ensemble du réseau routier doivent réduire leurs charges, conformément aux limites imposées par le Règlement sur les normes de charges et de dimensions applicables aux véhicules routiers et aux ensembles de véhicules routiers.

En période de dégel, la route est de 30 à 70 % plus fragile qu'en temps normal. Un seul véhicule en surcharge peut lui causer des dommages importants. Par contre, une faible diminution des charges réduit considérablement les dommages causés à la chaussée. C’est pour cette raison que des restrictions de charges sont imposées aux véhicules lourds en période de dégel. De manière générale, ces restrictions varient de 8 % à 20 %.

La période de dégel est déterminée à la suite d’un suivi de la progression du dégel dans la chaussée. Ce suivi se fait à l’aide de sondes réparties sur l’ensemble du réseau routier québécois. Les prévisions météorologiques sont aussi prises en considération.

Encadrement normatif

L’article 419 du Code de la sécurité routière (chapitre C-24.2) permet au ministre, par arrêté publié à la Gazette officielle du Québec, de déterminer les endroits où la circulation des véhicules routiers ou de certains d’entre eux est restreinte ou interdite en raison du dégel, de la pluie, de l’érosion ou d’une inondation. Le ministre détermine également les périodes pendant lesquelles ces mesures s’appliquent.

L’article 621 du Code de la sécurité routière permet au gouvernement de réglementer les charges et les dimensions des véhicules qui circulent sur les routes du Québec.

Le Règlement sur les normes de charges et de dimensions applicables aux véhicules routiers et aux ensembles de véhicules routiers regroupe diverses normes limitant, entre autres, les dimensions, les charges par catégorie d'essieux et la masse totale en charge des véhicules routiers circulant sur les chemins publics.

En période de dégel, ce règlement prévoit des restrictions de charge qui s'appliquent selon trois zones géographiques.

Clientèle visée

Les utilisateurs, les propriétaires et les conducteurs de véhicules lourds, les expéditeurs et les intermédiaires en transport.

Information générale

Le dégel, une période critique

Tout le monde le sait, les conditions climatiques du Québec sont particulièrement rigoureuses. Le sol gèle à une profondeur qui varie de 1,2 mètre à 3 mètres pendant plus de 4 mois. Ce facteur, combiné aux écarts de température et à l'humidité, a des conséquences majeures sur le comportement des chaussées. Les cycles de gel et de dégel contribuent aussi à rendre les chaussées plus vulnérables.

Coupe longitudinale d’une chaussée qui subit une déformation causée par le passage d’une roue chargée. Graphique illustrant la variation de la capacité de support de la chaussée selon la progression du gel-dégel.  

Au printemps, les couches de matériaux qui constituent la route sont affaiblies par l'accumulation d'eau. Des études sur la capacité de support des routes ont été menées au Ministère. Celles-ci ont démontré qu'au printemps les réactions de la chaussée sous une charge sont de 50 % à 70 % supérieures à celles qui sont enregistrées l'été.

En tout temps de l’année, un véhicule en surcharge de 25 % causera un accroissement de près de 150 % des dommages. En période de dégel, ce phénomène s’amplifie, et une même charge à l’essieu peut ainsi entraîner un effort de tension de 5 à 8 fois plus élevé qu’en temps normal.

L'impact du transport lourd en période de dégel est donc important, d'autant plus que le nombre de véhicules commerciaux s'est accru considérablement depuis 25 ans. C'est pourquoi la réglementation oblige les transporteurs à réduire leurs charges.

Réduction des charges des véhicules routiers

Pour protéger le réseau routier québécois, le Ministère a adopté le Règlement sur les normes de charges et de dimensions applicable aux véhicules routiers et aux ensembles de véhicules routiers. Ce règlement limite notamment la charge par catégorie d'essieux et la masse totale en charge des véhicules et des ensembles de véhicules. Des limites de charge plus restrictives applicables en période de dégel y sont prévues.

Tous les renseignements concernant les normes de charges en période de dégel se trouvent dans le Guide des normes de charges et dimensions des véhicules routiers. Il est également possible de communiquer avec le service de renseignements du Ministère.

Contrôle des charges en période de dégel

Ce sont les agents de Contrôle routier Québec, qui relèvent de la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ), qui s’assurent de la conformité des charges des véhicules lourds. Pour ces quelque 300 contrôleurs, répartis sur l’ensemble du territoire québécois, la période de dégel est une période intensive d'opérations de pesée.

Afin de prévenir les risques d’accident et de protéger adéquatement le réseau routier, les contrôleurs appliquent une politique stricte de conformité. Ainsi, conformément à cette approche, un véhicule en surcharge ou présentant un risque ne peut reprendre la route tant qu’il ne s’est pas conformé à la réglementation. Lorsqu’il y a surcharge, le camionneur doit répartir la charge sur les essieux ou décharger l’excédent de poids avant de reprendre la route. Un camion surchargé, en plus d’endommager le réseau routier, a un comportement routier altéré, ce qui le rend moins sécuritaire. Le respect des limites de charges des véhicules est primordial et la SAAQ intensifie ses efforts dans ce domaine, la protection du réseau routier ayant été retenue comme priorité de contrôle.

Pendant la période de dégel :

  • les opérations de contrôle sont plus nombreuses;
  • en cas de surcharge, tout conducteur de véhicule lourd intercepté devra répartir autrement sa charge sur les essieux ou décharger l’excédent avant de reprendre la route.

Il est possible d’obtenir de l’information concernant le contrôle du transport routier en communiquant avec les centres de renseignements de la Société de l'assurance automobile du Québec.

Références légales

Documentation

Foire aux questions

Durant la période de dégel, les chaussées sont de 30 à 70 % plus fragiles qu’en période normale, alors pourquoi les réductions de charge ne sont-elles en général que de 8 à 20 %?

Les dommages sur le réseau routier sont fonction de plusieurs facteurs. Parmi ceux-ci, la charge constatée sous les roues d’un véhicule lourd a une très grande influence. La relation entre la charge et le dommage n’est pas linéaire; c’est une relation exponentielle. Cela signifie qu’une faible surcharge a des effets importants sur les dommages qui peuvent être occasionnés au réseau routier. À titre d’exemple, une surcharge de 20 % sur un essieu simple est deux fois plus dommageable pour les chaussées qu’un essieu conforme à la limite réglementaire. À l’inverse, une faible diminution de la limite permise a pour effet de réduire considérablement son effet sur le réseau routier. Ainsi, une réduction de 20 % correspond à un dommage réduit d’environ 60 % par rapport à un essieu chargé conformément à la réglementation. Les réductions de charge prévues en période de dégel ont donc été modulées pour maximiser la protection du réseau routier, tout en assurant une activité économique soutenue.

Pourquoi le Québec est-il subdivisé en trois zones de restrictions de charge durant la période de dégel?

Les zones de dégel ont été établies en tenant compte des variations dans la profondeur de gel, qui varie sensiblement du nord au sud, de l’évolution du dégel, des conditions climatiques printanières dans les différentes régions du Québec, des caractéristiques géographiques de la province et de la circulation des véhicules lourds dans l’axe est-ouest. Il serait évidemment possible d’augmenter le nombre de zones pour tenir compte davantage du microclimat propre à un secteur donné. Ainsi, la durée de la période de restriction des charges dans chacune des zones pourrait être réduite. Toutefois, le transport interzone par camions deviendrait très contraignant et restreindrait grandement la mobilité.

Pourquoi les postes de pesée le long des routes ne sont-ils pas ouverts 24 heures par jour toute l’année?

Les postes de contrôle sont exploités selon une stratégie d’ouverture sporadique en fonction des saisons, des jours de la semaine, de l’heure, du type de transport et de la catégorie de route où le poste de contrôle est situé.

Exemple

En période de dégel, selon le débit de la route où ils sont situés, les postes de contrôle sont ouverts de 4 à 8 heures par jour en moyenne. Certains d’entre eux peuvent être ouverts jusqu’à 24 heures par jour, et ce, selon un synchronisme qui tient compte des postes de contrôle avoisinants. Cette façon de faire permet d’assurer une couverture optimale des principaux axes routiers. Contrôle routier Québec mise également sur une stratégie mixte, comprenant à la fois des interventions en poste fixe et des interventions mobiles, notamment en créant des aires temporaires de contrôle.

D’où viennent les nids-de-poule et comment se forment-ils?

Les nids-de-poule constituent la dernière étape d’une série de phénomènes de dégradations de la surface d’une chaussée.

L’ordre séquentiel des événements est le suivant :

  • apparition de fissures attribuables à des causes diverses, tels le trafic intense, le cycle gel/dégel, les défauts de réalisation, etc.;
  • dégradation de la fissure en raison d’une concentration des contraintes sous l’effet du trafic et apparition de fissures multiples;
  • infiltration d’eau et de saumure, ce qui contribue à diminuer la portance de la fondation et à accélérer le processus de dégradation;
  • cycle de gel-dégel qui accélère les dégradations;
  • effets du trafic : les impacts dynamiques, le nombre de véhicules et la gravité des phénomènes décrits ci-dessus sont autant de facteurs qui déterminent la vitesse à laquelle apparaissent les nids-de-poule.

Visionnez une courte animation vulgarisant les phénomènes menant à la formation d’un nid-de-poule. (120 Ko)

Peut-on éviter l’apparition de nids-de-poule dans nos conditions climatiques?

De façon générale, la formation d’un nid-de-poule est étroitement liée à l’état de la chaussée. Ainsi, le risque d’apparition d’un nid-de-poule est fonction du taux de fissuration du revêtement, de la sollicitation par le trafic et de la quantité d’eau susceptible de s’infiltrer sous le revêtement. La réalisation de travaux d’entretien permettant de maintenir la chaussée en bon état est la meilleure approche pour se prémunir contre la formation de nids-de-poule.

Il est donc possible d’éviter l’apparition de nids-de-poule pourvu que les chaussées soient adaptées aux conditions climatiques locales, qu’elles ne soient pas soumises à un niveau de trafic plus intense que celui pour lequel elles ont été conçues et qu’il soit possible de réaliser des travaux d’entretien adéquats dans les délais requis.

Il importe de rappeler que les restrictions imposées aux charges des véhicules lourds en période de dégel ne visent pas tant à assurer la protection de la surface de roulement, qui est endommagée par l’ensemble des véhicules (à preuve, une rue d’un quartier résidentiel où les camions lourds ne circulent pas peut comporter des nids-de-poule), qu’à préserver la structure même de la route.