La route blanche

​​​​02 mars 2023​​
Durée : ​12 min 49​​ sec

Imaginez une route exclusive aux motoneiges longeant de longues sections du majestueux golfe du Saint-Laurent. Découvrez l’immensité de notre territoire et le rôle de ce chemin qui n’est pourtant pas destiné principalement au tourisme.

Guidé par notre collègue Caroline Rondeau, conseillère en communication pour la région de la Côte-Nord, cet épisode montre encore une fois l’étendue insoupçonnée du champ d’action du ministère des Transports de de la Mobilité durable.​​

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Transcription

– ​Bonjour, ici Gilles Payer, relationniste au ministère des Transports et de la Mobilité durable du Québec. Bienvenue à cet autre épisode de balado des transports, un épisode à partager et qui en fera sans doute rêver plusieurs. Connaissez-vous la route blanche? La route verte, c'est celle des vélos, bien sûr, mais sachez que la route blanche est celle de la motoneige. Et cela va au-delà des 33 000 km de sentiers fédérés que la plupart des motoneigistes connaissent. Déplaçons-nous sur la côte nord du fleuve Saint-Laurent rejoindre ma collègue Caroline Rondeau, conseillère en communication pour le ministère des Transports. Bonjour Caroline.

– ​Bonjour, Gilles.

– ​Caroline, au ministère des Transports et de la Mobilité durable depuis combien de temps environ?

– ​Je suis arrivée en septembre 2015, donc ça fait un peu plus de sept ans maintenant que je travaille comme conseillère en communication au ministère des Transports et de la Mobilité durable.

– ​Est-ce que tu es originaire de là?

– ​Oui, absolument je suis native de Baie-Comeau. Donc j'ai quitté la région pour Montréal durant quelques années, le temps d'étudier. Je suis restée là-bas pour finalement revenir en 2004 et m'installer pour de bon à ma ville d'origine.

– ​Eh bien, on est contents de t'avoir avec nous pour cet épisode de balado pour parler de cette route-là, qui est mythique pour plusieurs. On va la situer visuellement dans notre tête, cette route blanche, sur une carte. D'abord, on part de où, puis on va jusqu'où, avec cette route blanche?

– ​La route blanche dessert tout le secteur non relié par la route 138 en longeant le golfe du Saint-Laurent. Elle est le seul lien terrestre du territoire de la Basse-Côte-Nord, donc elle débute là où la route prend fin, la route 138, soit à partir du village de Kegaska, un peu à l'est de Natashquan, et elle se rend jusqu'à Blanc-Sablon, à l'extrémité est de la région de la Côte-Nord, soit jusqu'à la frontière de la province de Terre-Neuve et de Labrador. La route blanche couvre environ 500 km. C'est une route à 2 voies où seules les motoneiges ont le droit d’y circuler. C'est pour cette raison qu'on l'appelle la route blanche. C'est unique au Québec. Aucune voiture ne peut passer sur cette route-là et elle fait évidemment le bonheur des résidents de la Basse-Côte-Nord, car elle permet aux citoyens de se voir plus souvent qu’en saison estivale, de se fréquenter, d'organiser des tournois de hockey, par exemple. Elle leur offre un sentiment de liberté, finalement.

– ​Alors, le Ministère veille à entretenir ce chemin-là, qui est quand même assez long à cet endroit, et c'est pour relier des communautés. Combien il y a de communautés entre Kegaska jusqu'à Blanc-Sablon?

– ​Bien, on parle d'environ d'une dizaine de villages et de deux communautés autochtones, soit Unamen Shipu et Pakuashipi, que l'on peut rencontrer tout au long de la route blanche.

– ​Parce que c'est un chemin qui est ouvert systématiquement sur toute sa longueur, chaque hiver?

– ​Non, pas nécessairement. On a 17 tronçons de la route blanche dans les plans d'ouverture et de fermeture du Ministère. Souvent, ce sont des villages qui les séparent, mais les tronçons ne sont pas systématiquement ouverts au complet à chaque hiver. Par exemple, cet hiver, on a seulement que deux tronçons qui sont présentement ouverts. L'hiver est doux, cela a pris du temps avant que les cours d'eau gèlent, il y avait peu de neige, mais c'est vraiment variable d'une année à l'autre. En comparaison, l'année passée où on avait eu du froid assez tôt en saison ainsi que beaucoup de neige, elle a été ouverte 44 jours au complet, ce qui a fait la joie des motoneigistes. Mais cette année, malheureusement, ça tarde un peu à ouvrir.

– ​Alors, ça amène évidemment des défis de sécurité pour avoir des couverts de neige suffisants et tout ça, mais est-ce qu'il y a d'autres critères, à part avoir de la neige partout?

– ​Oui, le couvert de neige adéquat, c'est le premier critère. Le fait qu'on ait une épaisseur de glace suffisante, c'en est un autre. Comme il y a beaucoup de bras de mer, donc de l'eau salée, plus dure à geler, en Basse-Côte-Nord, on demande une plus grande épaisseur de glace sur ce type d'eau qu’en eau douce, par exemple. Plus précisément, on demande 300 millimètres d'épaisseur de glace, pour l'eau salée, et 250 millimètres pour l'eau douce. Également, il ne doit pas y avoir présence importante d'eau sur la piste, qu'on appelle communément la sloche, donc de la neige fondue. Aussi, l'ensemble du balisage doit être réalisé par les patrouilleurs du Ministère. Finalement, on doit avoir passé à au moins une reprise sur l'ensemble du tronçon avec la gratte traîneau afin de s'assurer qu'il est suffisamment sécuritaire. On doit veiller à respecter toutes ces exigences avant d'ouvrir un tronçon de la route blanche sécuritaire pour les usagers.

– ​Tu as parlé, Caroline, du nombre de jours d'ouverture. Est-ce qu'on fait cette comptabilité-là chaque année, pour chaque tronçon?

– ​Tout à fait, on veille à recueillir les statistiques d'ouverture et de fermeture de chaque tronçon, année après année.

– ​Et puis là, au moment où on enregistre cet épisode de balado, on est en février 2023. Et puis bon, c'est… c'est un hiver, tu l'as dit, qui est un peu plus doux que la normale, donc seulement quelques tronçons d'ouverts sur les 17. Alors évidemment, ça peut changer, il peut se mettre à faire très froid et puis on décide ensuite, avec une inspection et des balises, d'ouvrir les tronçons qui peuvent l'être, c'est ça?

– ​Exactement. Pour le moment, les plus récents tronçons qui sont ouverts sont ceux entre la Tabatière et Vieux-Fort, et ce, depuis le 7 février. Ils correspondent à environ 150 km. Ça comprend plusieurs tronçons sur les 17. À cela s'ajoute celui situé entre Pakuashipi et Saint-Augustin, ouvert depuis la mi-janvier environ. Toutefois, si Dame Nature est de notre côté, nous amène beaucoup de neige, ça pourrait ouvrir rapidement aussi. Parfois, il y a 3 ou 4 tronçons qui peuvent ouvrir simultanément, ça peut aller très vite.

– ​500 km de route blanche qui sont potentiellement ouverts, par tronçon, complètement ou partiellement durant l'hiver, ça relie les communautés qui peuvent s'échanger évidemment des services, des produits, et cetera. Mais c'est aussi une route qui peut ou qui est touristique, pas vrai?

– ​La route blanche attire à chaque année son lot de touristes. Cette route est presque considérée comme mythique d'ailleurs par plusieurs adeptes de motoneige. Elle attire beaucoup d'Européens, de gens du Québec et des États-Unis – en fait, les amateurs de motoneige et de sensations fortes qui veulent découvrir l'immensité du territoire à travers cette route. D'ailleurs, il y a des circuits guidés qui sont offerts pour visiter les villages de la Basse-Côte-Nord via ce lien terrestre pour s'imprégner vraiment de la nature nord-côtière.

– ​Les gens qui voudraient s'aventurer – là, je parle vraiment en matière de tourisme – peuvent se fier à l'application Québec511.info?

– ​En effet, l'état d'ouverture et de fermeture de chaque tronçon est disponible sur le Québec511.info. Les gens qui veulent s'y aventurer ont tout intérêt, d'ailleurs, à regarder le Québec 511 avant de franchir les nombreux kilomètres avant d'arriver au point de départ de la route blanche, soit à Kegaska. Rappelons que Kegaska est situé à environ à 1300 km de Montréal. Donc n'hésitez pas à vous référer au Québec 511.info afin de voir si les tronçons sont ouverts ou fermés.

– ​Donc, une route touristique, mais pour laquelle il faut être quand même beaucoup mieux préparé qu'une simple balade...

– ​Bien évidemment, car la route blanche, située en Basse-Côte-Nord, est située en territoire isolé, rappelons-le, non relié par la route 138. Et donc, on peut parfois avoir près d'une centaine de kilomètres entre deux villages où il est possible de se restaurer ou de prendre de l'essence. Pour s'y aventurer, il importe d'être bien préparé. On recommande d'ailleurs toujours de s'y aventurer à au moins deux motoneiges et plus et d'avoir une trousse d'urgence et l'essentiel advenant une panne d'essence ou un bris de motoneige, bref d'avoir tout le nécessaire pour faire cette expédition. Parce qu'on parle littéralement d'une expédition.

– ​Expédition – donc ça sous-entend qu'il faut prévoir l'essence et la nourriture?

– ​Exactement – de la nourriture sèche pour une journée, des allumettes, un allume-feu, des couvertures, une bâche, un bidon d'essence, et cetera. On croise des villages où il est possible de se restaurer, de trouver de l'hébergement et aussi des endroits pour prendre de l'essence. Mais on ne sait jamais quand on peut rester mal pris. Également, les conditions climatiques peuvent changer rapidement sur place. Parfois, il peut faire soleil, puis 15 minutes plus tard, le vent se lève, une tempête peut se préparer. La route blanche passe en partie sur un territoire de plaine où le vent est très présent. Il faut être très bien préparé.

– ​Une question qui est un petit peu étrange. En même temps, il y a des communautés qui vivent là, alors ces gens-là mangent et vivent et dorment là. Mais d'où vient la nourriture? Les ressources qui permettent de faire vivre les communautés là-bas et éventuellement sustenter et ravitailler les touristes qui passent en motoneige, ça vient d'où?

– ​En fait, comme il n'y a pas de route dans ce territoire, le ravitaillement peut se faire, entre autres, par transport maritime, en saison estivale, soit par le navire Bella Desgagnés, qui fait plusieurs escales jusqu'en Basse Côte-Nord à partir de Rimouski. Également, il y a le service aérien qui est disponible. Ainsi, les denrées et tout le matériel dont les gens ont besoin sont livrés par bateau ou par avion.

– ​Alors on souhaite pas de panne mécanique à personne, faut avoir une machine qui est en bon état. On peut dormir à quelques endroits. Est-ce qu’il y a des endroits pour dormir?

– ​Oui, effectivement, il y a certains villages qui offrent de d'hébergement. Idéalement, il faut faire affaire avec une agence spécialisée qui pourra vraiment guider les gens à travers les réservations à faire et les endroits où s'arrêter, parce que ce n'est pas toujours facile de s'y retrouver. Ces agences ont les contacts et peuvent s'occuper de toute l'organisation pour une aventure mémorable, de façon positive évidemment, sur la route blanche.

– ​Les refuges, ça m'intrigue, ça ressemble à quoi? Il y en a combien? Refuge dans le pur sens du mot? Donc c'est rustique et il y a pas besoin de réservation, là?

– ​Les refuges, au nombre de 22, sont situés à intervalles réguliers tout au long de la route blanche. Il n'y a pas de réservation à faire. Il s'agit d'endroits que l'on peut utiliser en cas d'urgence pour se réchauffer et même pour se sauver la vie. On y retrouve le strict minimum, soit un poêle avec du bois de chauffage fourni par le Ministère et un banc. Le tout est très rustique, ce n'est pas une pourvoirie, loin de là. C'est une mesure de dernier recours en cas d'urgence.

– ​Caroline, question peut-être évidente pour toi, mais le service cellulaire – est-ce qu'on a du signal par endroits, sur la route blanche?

– ​Eh bien non, il y a certains endroits dans des villages comme Blanc-Sablon, par exemple, où l'on peut en trouver, mais pas partout dans le village. Il s'agit vraiment d'un facteur à considérer avant d'entreprendre son expédition sur la route blanche.

– ​Parce que 500 km, ça fait rêver. On se dit, bon, je sais pas combien on peut faire de kilomètres par jour sur la route blanche avec une motoneige, mais en tout, on imagine que c'est plusieurs jours d'expédition?

– ​On doit compter environ une semaine, si on veut la faire au complet, et l'on doit aussi prévoir des journées supplémentaires, parce que parfois, ça arrive qu'on ne puisse pas prendre la route en raison d'une météo défavorable, comme une tempête de neige, par exemple. Par ailleurs, une carte de la route blanche, des endroits où sont situés les refuges et les services retrouvés dans différentes localités est disponible sur le site web du Ministère. Elle permet de bien visualiser cette route.

– ​Est-ce qu'on croise des gens quand on va là? Où est-ce qu'on se sent totalement seul au monde?

– ​Non, on croise des gens, puisque les résidents et les communautés autochtones qui habitent le territoire de la Basse-Côte-Nord aiment se fréquenter et ils prennent leur motoneige pour aller voir leur famille ou leurs amis dans les autres communautés. Il n'est pas rare d’y croiser des gens, souvent près des villages. Certains segments de la route blanche, par contre, sont moins fréquentés. Et c'est vrai que parfois on peut ne voir aucune personne sur son chemin. Cependant, pour les coasters, comme on les appelle, les résidents de la Basse-Côte-Nord, la motoneige, pour eux là, c'est plus qu'un loisir, c'est pratiquement un mode de vie.

– ​En terminant, il faut quand même dire que même si on se sent à l'autre bout du monde ou si on constate que l'immensité du territoire n'a pas de fin, il y a quand même des lois à respecter et la Sûreté du Québec patrouille de temps en temps, j'imagine?

– ​Oui, c'est la Sûreté du Québec qui est responsable d'assurer le respect des lois sur cette route. Cependant, pour ce qui est de la surveillance et de l'entretien, là, c'est le ministère des Transports et de la Mobilité durable qui, avec ses surveillants du réseau routier, parcourent la route blanche pour s'assurer que tout est correct et sécuritaire et que les refuges sont bien approvisionnés en bois, etc.

– ​Alors tenez-vous le pour dit, c'est pas une raison pour enlever son casque parce qu'on est sur la route blanche en motoneige.

– ​Non, pas du tout. Le casque, c'est obligatoire pour tous. Également sur la route blanche, et bien sûr, c'est plus sécuritaire.

– ​Caroline Rondeau, conseillère en communication pour le ministère des Transports et de la Mobilité durable sur la Côte-Nord. Merci beaucoup pour ce voyage hors de l'ordinaire, dans un univers à faire rêver les plus aventuriers parmi nous.

– ​Bienvenue. Ça m'a fait plaisir.

– ​Bonjour, je me nomme Lidia Corado, conseillère en communication.

– ​Le balado est une production de la Direction générale des communications du ministère des Transports et de la Mobilité durable.