Des environnements routiers adaptés et plus agréables grâce à l’architecture de paysage (2e partie)

​​9 mars 2022​​
Durée : ​18 min 32​ sec

Place aux végétaux dans cet épisode.

Prenez conscience des subtilités des options offertes et surtout des défis que représente la végétalisation d’endroits souvent hostiles à la verdure.

Découvrez la technologie des haies brise-vent, un apport véritable dans le contrôle de la poudrerie sur nos routes, ainsi que les préoccupations induites par le redoutable phragmite!

En compagnie de deux de nos spécialistes du domaine au Ministère, Marie Nolet et Guy Bédard, complétez votre survol de la profession d’architecte paysagiste, ce qui pourrait changer la perception que vous auriez pu en avoir autrement.

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- Ici Gilles Payer, bienvenue à la seconde partie du balado sur l’architecture de paysage au ministère des Transports avec nos invités Marie Nolet et Guy Bédard, architectes paysagistes.

Restons à l’extérieur avec les types de végétation qui peuvent avoir des fonctions spécialisées ou, en tout cas, différentes.

Guy, est-ce qu’on peut commenter l’inventaire de la végétation possible et imaginable ou disponible pour agrémenter nos abords de route ou nos infrastructures?

- En fait, la majorité des espaces que compose encore là une emprise autoroutière en dehors de ce qui est construit, donc la route, c’est principalement des surfaces herbacées. Ça couvre beaucoup des abords de route, mais sinon, quand on intervient au-delà de stabiliser la surface elle-même par des végétaux herbacés, bien, là, on introduit des végétaux arbustifs, des végétaux arborescents qui viennent donner différentes strates et échelles à l’environnement visuel dans lequel les gens vont avoir à circuler.

C’est avec ces palettes d’outils végétaux ou de végétaux disponibles qu’on est capables de créer des effets, soit, comme on l’a mentionné depuis le début, de fermeture, ouverture, mise en valeur, élément technique comme un brise-vent végétal.

Tout ça, ce sont des outils qui sont ceux qu’on utilise pour être capables d’arriver aux résultats.

Et on a vraiment une différence entre ce qui va être adapté pour l’environnement urbain, par exemple, de ce qui sera dans un milieu plus naturel. On est en bord de rivière parfois, donc pas toujours directement attenant à une route.

Donc, il y a beaucoup, beaucoup de choses, puis l’environnement routier en tant que tel n’est pas très favorable facilement aux végétaux pour une transplantation.

Ça restera toujours difficile. Donc, on a toujours une sélection de végétaux qui sont de bons soldats, je dirais, qui ne sont pas dans les choses très délicates.

Il faut vraiment se concentrer sur ce qui va réussir, très compétitif et très, très ouvert au vent et à d’autres intempéries.

- Intéressant!

J’allais poser la question à l’envers, mais vous avez déjà donné la réponse : on peut pas planter n’importe quoi, n’importe où?

- Non, je dirais que c’est une des contraintes pour l’architecte paysagiste, c’est de limiter peut-être le choix des végétaux à une liste moins longue que dans des environnements plus favorables. Mais on peut le voir sous un autre angle, à savoir que le défi est quand même stimulant dans le sens où on doit faire beaucoup de choses avec un peu moins d’éventail dans les sélections qui sont possibles.

- Marie, est-ce que c’est avec les végétaux qu’on réussit à réduire les îlots de chaleur?

- Effectivement, les végétaux, un exemple plus concret de jusqu’où on peut aller pour éviter les îlots de chaleur dans nos aménagements.

Sur certains ponts qui permettaient en fait, je dirais, pour faciliter la compréhension, tunnels qu’on fait, donc des sorties d’autoroute qui doivent passer par-dessus d’autres ou en dessous.

Bien, des fois, c’est entre, tu sais, les sorties d’autoroute, c’est souvent court, donc il y a un angle pont.

Puis, les ingénieurs calculent ça, puis ils ne peuvent pas...

Donc, il y a comme un bout qui sert pas à faire passer une route dessus parce que le pont tourne. Donc, cette partie-là du pont qui est en hauteur et qui ne sert pas pour les usagers de la route, bien ça devient, on construit ce qu’on pourrait dire une toiture végétale avec, pour ne pas laisser ça en béton comme ça.

Donc, dans certains projets, quand ça se présente, ça fait au moins deux qu’on fait dans la ville de Québec, on a des toits-terrasses, finalement, sur nos... qui contribuent justement à diminuer les îlots de chaleur, mais aussi des talus très abrupts des fois, qui ne sont pas stables et qui doivent être enrochés proche de structures et tout ça.

Bien, nous, on insiste maintenant pour que ce soit, qu’il y ait de la terre végétale qui soit mise dessus, puis au moins un ensemencement.

Des fois, les roches ressortent un peu, mais au moins, la végétation finit par couvrir ça.

Donc, partout où on peut mettre du vert, des fois deux ponts d’étagement, une direction, l’autre direction, puis un espace entre les deux. Avant, c’était couvert de gravier, mais maintenant, bien, on va venir mettre des ensemencements pour pouvoir justement diminuer le plus possible les surfaces dures qui accumulent cette chaleur-là.

Puis, ça, on le fait beaucoup en milieu urbain avec les problématiques qu’on connaît, de grandes chaleurs de plus en plus pendant l’été.

- À l’opposé de la chaleur, on a l’hiver. Est-ce que la neige est une composante, une donnée qui est prise en compte dans la conception des aménagements?

- Oui, très important.

Bon, Guy a évoqué tout à l’heure les brise-vent qui permettent de contrôler la neige. Donc, il y a tous les calculs à faire selon la distance, la route, la direction d’où viennent les vents et tout ça. Donc, ça, c’est un des aspects qui est important, ces brise-vent-là pour certaines routes. On en entend parler souvent.

Ce qu’on entend peut-être moins parler, bien, c’est les effets, le choix de la végétation, beaucoup d’embruns salins. Donc, des sels de déglaçage qui sont mis sur les routes créent des embruns salins.

Donc, on peut pas planter nécessairement la végétation très proche de la route, bon, pour des questions de sécurité, mais aussi pour des questions de survie. Il y a certaines espèces qui survivent bien.

Donc, des fois la première rangée d’arbres est moins belle, mais elle a été mise là parce qu’elle fait comme un écran.

C’est elle qui capte tous les embruns, puis elle, on sait qu’elle va repartir, et tout ça. Puis, les arbres plus nobles, on va les positionner à l’arrière, donc on a un écran protecteur.

Puis, aussi, dans nos aménagements, ce qui est très important, c’est le déneigement.

Donc, le déneigement va envoyer évidemment de la neige sur la végétation, mais aussi des abrasifs, mais aussi va briser, bon, sur nos trottoirs, tu sais, des structures dont je parlais, ou dans les milieux urbains.

Il faut penser à tout ça parce que celui qui conduit la chenillette, des fois, bien, il s’écarte un peu de son chemin, donc il peut venir briser les aménagements si ceux-ci sont trop près.

Donc, il y a plusieurs composantes de l’hiver qu’on doit prendre en compte autant pour l’entretien, pour le choix des végétaux, leur position, qui doivent être considérés quand on fait nos aménagements.

- Et restons dans le contrôle de la poudrerie. On sait que c’est un enjeu qui est extrêmement difficile à cerner, c’est jamais dans les mêmes conditions.

Alors, Guy, les petits arbres qu’on voit qui peuvent servir à couper le vent, est-ce que ça marche pour vrai?

- Oui, effectivement, ça fonctionne très bien. La grandeur de l’arbre, le choix de l’arbre, le choix des végétaux, parce que ça peut se composer d’arbres, d’arbustes, encore là même de plantes herbacées à haut jet, c’est également possible.

C’est beaucoup en fonction de la problématique qu’on va avoir identifiée pour la conception du brise-vent, puis beaucoup sur la région dans laquelle on est, parce que les quantités de précipitations annuelles varient beaucoup si on est en Gaspésie par rapport au fait d’être dans la région de Montréal.

Donc, ces enjeux-là doivent tous être compilés pour nous permettre d’orienter la conception du brise-vent.

Et dans ce cas-là, dans la région Montréal, par exemple, un peu plus facilement, la taille en hauteur ne cherche pas nécessairement à avoir de très grands arbres pour obtenir des résultats similaires à ce qu’on pourrait retrouver en termes de contrôle étant donné les précipitations qu’on retrouve dans cette région.

- Donc, on peut pas retenir la poudrerie, mais on peut contribuer à couper le vent, à briser le vent, donc réduire l’effet de la poudrerie sur nos routes, c’est un peu ça que je dois comprendre?

- Tout à fait.

Ce qu’on cherche à obtenir dans le fond, c’est les conditions les plus avantageuses possibles pour l’automobiliste, mais évidemment, on n’arrête pas 100 % de tous les flocons, surtout pas pendant la précipitation elle-même.

Ce qu’on cherche surtout à contrôler, c’est les périodes subséquentes à la précipitation.

Donc, lorsque la neige est arrêtée, souvent il fait très beau dehors.

Et là, il y a du vent quand c’est sec et la neige se déplace dans les champs, dans les sections ouvertes et arrive jusqu’à nos chemins.

Et malheureusement, les automobilistes ont souvent des réflexes soit parce qu’ils sortent d’un environnement protégé et arrivent en milieu tout à coup à découvert, de ne pas adapter nécessairement ou n’ont pas vu venir ce changement de conditions.

Et là, on peut se retrouver des fois en mauvaises conditions pour la conduite.

Donc, c’est ce qu’on essaie d’éviter par l’aménagement de brise-vent, c’est ces zones de transition et les conditions qui dégradent beaucoup la chaussée.

- Ici Louis-André Bertrand, porte-parole chez Transports Québec. Ce balado est une production de la Direction générale des communications.

- Je me tourne vers Marie pour une question à ces haies brise-vent. Le roseau commun, le phragmite, est-ce qu’on doit le considérer dans la sécurité des routes, ou si c’est un envahisseur pur et simple, ou si, au contraire, il y a d’autres fonctions qu’on ne soupçonne pas pour la présence de ce roseau commun?

- En fait, je vous dirais que c’est sûr que pour capter la neige, ça peut être intéressant. Par contre, tous les désagréments au point de vue environnemental sont occasionnés par la présence, puis l’envahissement, on l’appelle « plante envahissante » justement.

C’est que c’est pas une plante indigène, puis il vient détruire tout le reste, toute la végétation qui pousserait naturellement là, ou même ce qu’on plante.

Donc, on le considère pas comme un atout dans nos aménagements, mais plutôt, on essaie d’empêcher son envahissement, donc, par différents moyens, puis pour pas qu’il prolifère, puis qu’il étende son habitat plus loin.

Donc, nous, rendu à Québec, bien, il y en pas dans Charlevoix ou il y en peu, donc on fait vraiment dans les secteurs où il y en a peu. On va vraiment le contrôler, puis l’empêcher de s’étendre.

Parce que ça peut même contribuer, bon, beaucoup les fossés, ça empêche le drainage, mais ça va venir dans les milieux naturels, les marais.

Et ça va venir aussi là, il y a des problématiques, peut-être que Guy pourra en parler, parce que c’est encore plus présent depuis plus longtemps dans la région de Montréal, mais ça vient envahir les infrastructures mêmes. Ça vient pousser dans l’accotement.

Il y a une fissure dans la route, ça sort.

Donc, c’est vraiment une plante à proscrire de nos aménagements.

- Alors, c’est ça, Guy, le roseau commun? On l’arrache au besoin et on le met quelque part et il peut se remettre à vivre par en dessous, c’est ça?

- Le roseau commun, je dirais qu’en termes de combativité, on est probablement dans le haut de la chaîne alimentaire.

- Ha, ha! C’est une image fabuleuse.

- Du peu de plantes capables de se trouver autant de capacité à croître là où les autres ne sont pas capables de le faire.

Fait qu’on voit apparaître… Parce qu’au début, quand on commençait à se familiariser avec la plante et ses caractéristiques, on pensait que c’était surtout les racines qui propageaient la plante, donc le système racinaire qui se reproduisait beaucoup. En faisant des analyses, on s’est rendu compte que les graines qui se retrouvent dans les hampes florales étaient également... Même si c’était à 30 % sur le total des graines, il y en avait quand même assez pour que ça puisse se propager de cette façon-là.

Donc, des fois, des graines, ça peut aboutir sur un terre-plein central en béton avec deux glissières et une surface complètement inerte.

Mais juste le petit espace entre deux, entre un joint, par exemple, permet des fois à une plante d’émerger à cet endroit-là, puis de voir une racine circuler sur la surface de béton jusqu’à tant qu’elle se retrouve une nouvelle aspérité pour être capable d’enraciner sa tige.

Moi, j’ai beaucoup de respect pour la plante malgré tout parce qu’être capable de faire tout ça dans des environnements qui théoriquement sont si durs, il faut quand même le faire.

Puis, dans la région de Montréal, on est vraiment à une autre étape que dans la région de Québec ou à quelques endroits disons plus périphériques là au Québec. La plante est tellement présente dans tous les environnements routiers, agricoles, industriels qu’on ne cherche plus à se débarrasser de la plante.

Il faut apprendre, je dirais, à vivre avec et à faire quand même attention à ne pas nous-mêmes chercher à faire une propagation, mais naturellement, la plante a réussi déjà à faire beaucoup de chemin.

Donc, on essaie plutôt de composer avec cette contrainte-là qui, par contre, en hiver, dans notre cas, on s’est rendu compte qu’il y avait quand même certains avantages. On en plantera pas pour ça, mais le fait d’en gérer la croissance et la dispersion, ça permet quand même de donner dans certains cas des avantages.

- Donc, c’est sous surveillance, mais il y a quand même d’autres qualités. Est-ce que cette plante-là a des qualités végétales filtrantes pour la pollution par exemple, je sais pas?

- Elle n’a pas été encore là beaucoup étudiée là-dessus par le Ministère, mais je sais qu’une compagnie qui, je pense, maintenant n’existe plus, a déjà offert de remplacer un champ d’épuration, par exemple pour une résidence privée, par une superficie équivalente en roseau commun. Et par les capacités filtrantes de la plante, elle réussissait, semble-t-il, à donner les mêmes services que ce qu’un champ d’épuration peut réussir à donner.

Donc, oui, je pense qu’elle a des capacités filtrantes. Il y aurait bientôt un projet de recherche qui va se mettre en branle pour étudier la qualité de l’eau dans les fossés, puis probablement qu’on va avoir également dans ça des fossés qui sont envahis par le phragmite.

On va peut-être pouvoir aller même documenter davantage la caractéristique filtration que la plante peut offrir.

- En même temps, je lis entre les lignes que c’est peut-être un loup dans la bergerie. C’est pas une solution instantanée à 100 % qu’on applique aveuglément. On aura peut-être l’occasion d’en reparler après des résultats d’études, pas vrai?

- Je dirais pas que c’est sous contrôle, on peut pas prétendre être aussi, parce qu’encore là, il y a beaucoup de façons pour la plante de réussir à se déplacer, puis à se propager.

Puis, même à un moment donné, les gens, comme Marie l’a mentionné, beaucoup de gens trouvent très beau la hampe florale quand c’est sec à l’automne, les paysages mêmes, pendant que ça émerge de la neige, ça peut être très sympathique.

Puis, des fois, on prend ça, puis on amène chez nous, puis on décide de semer un peu cette plante-là. Il faut faire attention. Il y en a une autre à Québec aussi, je pense, qui est quand même assez présente, qui s’appelle la « renouée japonaise ».

- Oui, celle-là est encore pire que… que… Elle est difficile, très difficile à contrôler.

C’est le bambou. Ce que les gens appellent communément « le bambou ». Donc ça, les colonies, c’est encore plus difficile à se débarrasser.

Quand on les excave, on doit les mettre sous deux, trois mètres de terre, puis c’est quand même très fort, ça vient percer les membranes géotextiles parce que la tige ressort.

Donc, c’est vraiment très beau ça aussi. À l’automne, quand c’est en fleurs, c’est de toute beauté.

C’est vraiment… Il y a des gens qui se font des haies avec ça.

C’est une problématique à l’île d’Orléans. Il y en a qui l’ont utilisé, ils tirent ça sur le bord, ils coupent à l’automne, ils tirent ça sur le bord de la plage, sur la grève.

Puis là, maintenant, il y en a à l’île aux Coudres, il y en a qui descend partout, ça reprend partout.

Donc, il faut sensibiliser les gens. Il y a beaucoup de sensibilisation à faire auprès des municipalités et des gens. Parce qu’on parlait tout à l’heure de guidage visuel, de percée visuelle, puis tout ça, bien, ça, c’est pas long que ça devient de faire un paysage très uniforme et très ennuyant finalement à la longue.

- Est-ce qu’il a des choses qu’on n’a pas dites à propos de votre belle profession, qui va d’ailleurs inciter plein de gens à ouvrir l’œil d’une manière complètement différente à chaque fois qu’on va prendre le volant et la route?

Est-ce qu’il y a des choses qu’on n’a pas abordées?

- Moi, j’ajouterais peut-être un petit point sur, c’est la gestion des, ce qu’on appelle « les matériaux excédentaires », donc tout ce qu’on excave quand on fait les travaux.

Souvent, on a beaucoup d’excavation à faire pour faire des structures de route, de chaussée qui peuvent résister aux poids lourds et à toute la circulation. On démolit certains ponts, certains ouvrages qui ont atteint le bout de leur vie utile.

Donc, on essaie de plus en plus de garder ces matériaux excédentaires à l’intérieur de nos emprises routières. Donc, c’est pour ça qu’on...

Et on s’en sert, comme je disais tout à l’heure, sur le guidage visuel, donc les buttes de différentes formes qui sont montées. On s’en sert aussi comme écran antibruit, écran visuel. Parce qu’on a pas parlé beaucoup des riverains, mais les riverains aussi, on travaille beaucoup pour eux.

On a parlé beaucoup des usagers de la route, mais on travaille beaucoup pour les riverains pour, en fait, les protéger finalement, protéger leur qualité de vie, créer un environnement intéressant même s’ils sont près de routes.

Donc, les matériaux excédentaires, observez bien, vous allez voir que, de plus en plus, on les utilise à l’intérieur de nos aménagements, ce qui n’était pas nécessairement le cas il y a quelques années.

- Et en même temps, ça réduit le nombre de transports par camion, donc indirectement les gaz à effet de serre et la pollution que les constructions engendrent. Ça, je pense que c’est considérable.

Merci beaucoup, Marie Nolet, merci beaucoup, Guy Bédard, architectes paysagistes au ministère des Transports.

Belle profession, et des années d’avenir encore devant vous, j’en suis convaincu.

- Merci!