La panoramique route%%132, en Gaspésie%%: une splendeur sous surveillance

​10 juin 2021
Durée : 17 min​ 26 sec

Le ministère des Transports est, bien sûr, présent dans chaque région du Québec, et il va sans dire que les 12 directions régionales connaissent intimement leurs territoires respectifs.

Cet épisode nous amène dans les contrées, à la fois maritimes et terrestres, du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine. En compagnie de notre collègue installée dans la région, la conseillère en communication Sophie Gaudreault, nous parcourons la route ​132, route notoire sur laquelle le Ministère exerce un savoir-faire unique.


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Transports Québec vous souhaite la bienvenue dans son vaste univers de la mobilité durable des personnes et des marchandises.

Mission rendue possible par le développement de systèmes de transport efficaces et sécuritaires.

Bienvenue dans notre balado!

Martin Girard est avec moi encore cette semaine.

Bonjour, Martin.

– Salut!

– « Système de transport », c’est quand même assez large.

– Oui, c’est un terme très large, mais pour nous, le ministère des Transports, une route est un système de transport.

La route permet aux gens de se déplacer et aussi pas juste les gens, mais les marchandises.

– On va parler justement de route et pas n’importe quelle route, une des routes les plus connues au Québec. Martin, laquelle?

– Oui, la fameuse route 132 qui part du sud du Québec et qui nous amène jusqu’en Gaspésie.

Justement, on a pensé à inviter notre sympathique collègue du Bas-Saint-Laurent, Sophie Gaudreault, qui est conseillère en communication à Rimouski.

Bonjour, Sophie!

– Mais bonjour, messieurs!

– Sophie, tu travailles comme conseillère en comm. à la Direction territoriale du Bas-Saint-Laurent–Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine.

Et parce qu’on a l’occasion d’échanger de temps en temps, on va se tutoyer aujourd’hui, si tu veux bien.

– Ça me fait plaisir!

– Je pense, Martin, qu’on pourrait présenter un peu notre conseillère en communication du secteur.

– Oui, en effet. Sophie, tu travailles au Ministère depuis quand?

– Moi, je suis au Ministère depuis août 2017, donc je suis en train de finaliser ma quatrième année, et je pense que ma vie m’a amenée un jour à travailler au ministère des Transports parce que j’ai fait beaucoup de route.

Moi, je suis une fille originaire de Sainte-Luce, donc dans le Bas-du-Fleuve, petit village à proximité de Rimouski.

Mais je me suis promenée, je suis allée étudier à Ottawa, j’ai étudié à Québec, j’ai travaillé à Trois-Rivières et finalement ma région natale m’a rappelée.

Donc, depuis 2009, je suis revenue sur mes terres natales.

J’ai toujours travaillé en communication comme conseillère en communication pour des organismes gouvernementaux.

Et au ministère des Transports, je fais majoritairement tout ce qui est relations médias. Donc, je suis la porte d’entrée des médias, qui sont très présents et très curieux sur notre territoire. Et je m’assure aussi de donner une collaboration à mes collègues chargés de projet pour tout ce qui est des travaux routiers, pour s’assurer que les gens sont bien informés de ce qui se passe sur notre territoire.

– Oui, puis, c’est un territoire, Sophie, qui a ses particularités et qui est très vaste.

Bas-Saint-Laurent–Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine, on parle de 42 000 km² de superficie de routes sous la responsabilité du Ministère, à la hauteur de 3 700 km.

Vous avez des centres de services au nombre de neuf répartis sur le territoire. Ça veut dire plus de 1 400 structures, 480 km d’autoroutes et de routes nationales, aussi, 6 314 km, dont la fameuse 132, qui fait tout le tour de la péninsule gaspésienne.

Pour ceux qui ne sont pas familiers avec la 132, elle suit le littoral côtier au nord, va jusqu’à Gaspé, Percé, revient par la baie des Chaleurs, coupe dans les terres, passe par Amqui et c’est le but!

On revient dans un coin de Mont-Joli ou à peu près.

– C’est très bien expliqué. Effectivement, une particularité qui est un peu cocasse de la route 132, c’est qu’elle se termine avec elle-même à Sainte-Flavie.

Donc, on a une intersection à Sainte-Flavie qui est une intersection route 132/route 132.

Donc, effectivement [inaudible], l’ensemble de notre territoire, ça nous amène des vues spectaculaires lorsqu’on l’emprunte au bord du fleuve. Vraiment, on est une région aussi qui est réputée pour ses couchers de soleil. Alors, c’est magnifique comme vue, mais d’être comme ça, à proximité du fleuve, ça amène aussi certaines particularités au niveau du travail ou de la surveillance que le Ministère doit faire.

– Ouais, parce que chaque année, il faut surveiller cette route-là, comme les autres d’ailleurs. Mais comme on a dit que la 132 est une route côtière, ça veut dire qu’elle est exposée au fleuve Saint-Laurent, qui peut s’appeler le golfe par bout, mais qui est surtout un cours d’eau qui est une masse d’eau énorme avec des marais. Donc, il y a un enjeu d’érosion et de pérennité des infrastructures, et on s’en occupe étroitement de la 132 chez vous.

– Oui, effectivement, on s’en occupe régulièrement et même je dirais qu’il y a des interventions chaque année parce qu’une particularité de la route 132, c’est que pour la Gaspésie, c’est le lien routier important pour, oui, au niveau du tourisme, mais aussi de l’économie.

Donc, il faut s’assurer qu’elle soit en fonction pour pas que la circulation soit bloquée ou arrêtée.

Donc, on a des interventions qui sont réalisées. On s’assure de la sécurité des usagers, que la route soit praticable et par ça, c’est qu’on s’assure que les ouvrages de protection de la route, qu’on parle d’enrochement ou de mur, c’est qu’on veut sécuriser cette route-là.

Parce qu’on le voit malheureusement dans les dernières années, tout ce qui touche les conditions météorologiques, les aléas côtiers, on voit de plus en plus des épisodes de grandes marées, de vagues assez importantes qui viennent justement créer certaines problématiques au niveau de l’érosion des berges et de la côte.

Une spécialité qu’on a chez nous, qu’on développe depuis quelques années, c’est vraiment de trouver des interventions à faire pour sécuriser cette route-là, pour qu’elle demeure en place pour les années à venir.

– Donc, on parle d’une route qui est exposée à l’érosion, qui est exposée à la submersion côtière, on appelle ça comme ça.

Mais ça, ça veut dire aussi que les changements climatiques, ça fait partie des enjeux, c’est ça que tu dis?

– Oui, effectivement, pendant les dernières années. Le Ministère s’attend à ce que les effets des changements climatiques s’amplifient avec les années.

Entre autres, tu parlais de submersion côtière, donc la hausse du niveau global des marées va amener des phénomènes un peu plus différemment. Ainsi, tout ce qui entoure la diminution des glaces côtières, donc le niveau d’eau qui va augmenter dans les prochaines années.

Pour ce faire, le Ministère, de façon globale, de façon vraiment à la grandeur du Québec, oui, voilà, c’est créer un plan d’action ministérielle justement pour sa gestion des infrastructures, pour tout ce qui dans le contexte des changements climatiques, mais spécifiquement notre région parce qu’étant donné qu’on est la région la plus exposée, on a créé un module vraiment spécifique aux aléas côtiers, aux adaptations aux changements climatiques.

Ce sont des gens qui sont dédiés à 100 %, vraiment, à mettre en place des nouvelles solutions ou des nouvelles façons de faire justement pour s’adapter à tout ce qui s’en vient comme changement climatique, puis à essayer de renforcer tout ce qui, la résilience du réseau routier, avec tout ce que ça va amener dans les prochaines années.

– Oui, donc, Sophie, tu dis que justement, c’est la région qui est la plus exposée aux aléas des changements climatiques et ainsi de suite.

Est-ce qu’on a une idée du nombre de sites ou d’endroits sur le réseau routier qui sont plus exposés que d’autres?

– Sur l’ensemble de notre territoire, le Bas-Saint-Laurent–Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine, c’est plus de 250 sites qui sont vulnérables.

La grande majorité se trouve du côté nord du territoire parce qu’elle a une exposition plus directe et, je vous dirais là, avec le côté côtier.

Donc, ça nous amène dans nos interventions bien souvent à réaliser de nombreuses protections du réseau.

On va construire des structures vraiment tout au long du réseau routier pour le protéger.

On va faire de la recharge de plages, on va faire de l’enrochement.

C’est ce type de travaux qui sont réalisés par nos équipes dans les dernières années et dans les années futures, pour justement venir renforcer la route face à tout ce que pourraient amener les aléas côtiers.

– Qu’est-ce qu’on entend par « recharger les plages »?

– Lorsqu’on parle de recharge de plages, c’est qu’on va vraiment aller chercher du sable.

Bien souvent, ça peut être du sable qui provient directement du fond marin, donc on va rechercher ce qui a été enlevé dans les dernières années, ou sinon, c’est du sable qui est transporté.

On se retrouve à augmenter le niveau de la plage. Donc, c’est ce qui amène un peu une barrière aux vagues qui pourraient s’amener vers la route, pour faire comme une barrière physique avec la route, versus de l’enrochement où là, ce sont vraiment des pierres de différentes grandeurs qui sont déposées dans un angle particulier.

Je ne rentrerai pas dans les détails de l’angle et des calculs mathématiques qui sont liés, mais c’est vraiment de faire une pente de roches qui vient, encore là, vraiment stabiliser la chaussée, mais en même temps faire une barrière pour que les vagues viennent frapper sur ces roches-là et non pas sur la route elle-même.

– Secteurs vulnérables, Sophie, est-ce qu’on a une idée des secteurs en question?

Est-ce qu’ils sont quantifiés, par exemple?

Nos analyses nous ont permis de voir qu’on a près de 80 km de route qui est vulnérable à l’érosion d’ici 2100.

Donc, oui, ça peut paraître loin, mais ça peut arriver vite rapidement.

Sinon, de façon imminente, là, on a quand même 25 km qui est vulnérable à l’érosion. Puis, on parle également de submersion, donc là, on est à environ 90 km.

Tantôt, on parlait que la route peut être longue, ce sont des longs kilomètres, mais c’est quand même beaucoup de secteurs qui sont vulnérables, que ce soit à l’érosion ou à la submersion.

– Bonjour, ici Sarah Gaudreault, conseillère en communication au ministère des Transports sur la Côte-Nord.

Le balado, une production de la Direction des communications.

– Est-ce qu’on a dit combien il y avait de kilomètres à la route 132, qui est une route qui est très, très connue qui part du sud du Québec, mais qui évidemment fait le tour de la Gaspésie.

Est-ce qu’on l’a dit, combien de kilomètres?

– Dans le fond, la route 132, qui part vraiment du sud du Québec et qui fait l’entièreté de la Gaspésie, on parle d’un peu plus de 500 km de longueur, ce qui en fait la route la plus longue au Québec.

– Allons plus loin, allons dans les investissements. Parce que c’est bien beau, surveiller, c’est bien beau, d’avoir des mesures de protection, qu’est-ce que le Ministère fait pour protéger ou en termes d’investissement ou en termes de plan?

– Je dirais depuis 2008, le Ministère a investi beaucoup d’argent au niveau de la réalisation des travaux justement pour s’adapter à ces changements climatiques là.

Tout dernièrement, en 2019, il y a eu également des investissements de la part, conjointement avec le gouvernement du Canada, et de l’argent qui était investi dans les travaux, ce qui va permettre, comme je disais tout à l’heure, de construire et de réparer des ouvrages, de stabiliser les berges de chaque côté de la Gaspésie et du Bas-Saint-Laurent.

Mais tout ce qui est investi également du côté du Ministère, c’est dans tout le volet recherche, qui n’est pas négligeable et qui est très utile pour nos analyses et nos recherches de solutions à amener. Et on a la chance d’avoir sur notre territoire, à Rimouski, l’Université du Québec à Rimouski, qui se spécialise dans tout ce qui touche la mer et les éléments côtiers.

C’est un partenaire assez important pour nous parce que c’est eux qui nous fournissent toutes les données.

Si je prends, par exemple, la force des vagues, ce sont des données qui nous aident énormément à mettre en place des outils, nos solutions, puis savoir justement sur le terrain comment ça va se refléter comme solutions.

– On est en plein milieu d’un plan d’action de cinq ans. C’est un plan qui inclut la collaboration avec les institutions universitaires, c’est ça?

– Puis ce plan d’action là, qui a été mis en place par le Ministère, ça va nous permettre aussi de développer les indices de vulnérabilité, puis justement de planifier parce que, oui, c’est beau de dire « on a des sites vulnérables, oui, on est exposés », mais d’avoir ces indices-là va permettre de venir justement quantifier ou qualifier les secteurs pour voir après ça, comment on adapte notre intervention, où est-ce qu’on commence, qu’est-ce qu’on fait en premier. Donc tout ça va aider.

Puis, le module dont je parlais tout à l’heure, qui était mis en place sur notre territoire, est un peu directement lié avec ce plan d’action là, qui vient justement outiller nos gens à venir travailler sur ces sujets-là pour pouvoir trouver des solutions qui, on l’espère, vont venir sécuriser le tout.

– Concrètement, donc, le plan d’action. Tu nous as parlé du module, les investissements, mais sur le terrain, il y aussi une réalité, les équipes, ceux qui travaillent, les patrouilleurs, ont aussi un rôle important à jouer dans la surveillance.

– Ceux de notre région ont un peu une particularité. Ils ont à surveiller ce qui se passe sur le terrain, à savoir, est-ce qu’il va falloir intervenir?

Donc, nos gens qui se promènent, on les a formés justement pour qu’ils soient capables de déceler les signes avant-coureurs de bris potentiel, pour nous permettre d’intervenir avant, donc de façon proactive, et non pas en réaction d’un événement.

Leurs camions sont équipés de différents outils de surveillance. Donc, en temps réel, ils peuvent suivre ce qui se passe au niveau météorologique sur le terrain. Ils sont tout le temps en communication avec un centre de veille qu’on a à la direction générale, le bureau est basé à Rimouski, ce sont des gens qui collaborent.

Donc, dès qu’il peut survenir quelque chose sur le réseau, les gens sur le terrain informent ce centre de veille là, et déjà, il y a des choses qui se mettent en marche.

Le but dans tout ça, on veut intervenir le plus rapidement possible, mais également le plus efficacement possible.

– C’est bien dit, ça.

Merci beaucoup, Sophie Gaudreault, de partager cet amour du territoire et cette compétence aussi que le Ministère a et qui est particulière à votre secteur du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine. Ça fait un vaste territoire.

Est-ce que tu vas aux Îles de temps en temps?

– Je n’ai pas encore eu la chance d’aller aux Îles.

J’espère y aller avant ma retraite, qui est encore dans bien longtemps. Donc, je pense que si ce n’est pas pour le professionnel, c’est sûr que je vais y aller à titre personnel.

– Je tiens à dire là, Martin, que la mer qu’on entend dans ce balado, c’est dans le secteur dans lequel tu travailles et dans lequel tu habites, pas vrai?

– Effectivement, c’est dans le secteur de Pointe-au-Père. Et pour les gens qui seraient de l’extérieur et qui se demanderaient, c’est à côté du fameux sous-marin Onondaga, un sous-marin musée que nous avons la chance d’avoir à Pointe-au-Père.

On attend les gens. Si les gens veulent venir nous rencontrer, on n’est pas très loin.

Puis, on est très accueillants, donc ça va nous faire plaisir de les croiser sur la route 132.

– Écoute, je pense que Martin va y aller, il a déjà sa barbe de capitaine de bateau.

– Oui, [inaudible] petite barbe pour un sous-marin [inaudible].

– On accepte tout le monde, barbe, pas barbe, tout le monde peut venir.

Mais j’avoue que la petite barbe, ça peut donner l’idée du marin qui est parti en mer depuis quelque temps.

– Parfait, c’est bien.

– Merci encore, Sophie.

– Ça me fait plaisir.

– Merci, Sophie.

– Au revoir!