Faire encore mieux avec le Saint-Laurent%%: la stratégie maritime

​22 novembre 2021​​
Durée : ​10 min 41​ sec

Beaucoup de régions du Québec sont étroitement liées par le fleuve. Celui-ci permet aussi d’entrer dans le continent et de rejoindre l’Ontario, sans oublier les provinces de l’Ouest en passant par les Grands Lacs, et pas moins de six États américains.

Le Québec n’a pas l’intention de se contenter de regarder passer les bateaux sur cette majestueuse artère qui est aussi une ouverture sur le reste du monde. Une métamorphose est en cours. Notre invité, Grégory Cloutier, directeur par intérim à la Direction du secrétariat à la stratégie maritime, nous révèle les grandes lignes qui animent la vision d’Avantage Saint-Laurent.​

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Transcription

​Bienvenue à ce balado du ministère des Transports, qui va traiter non pas de routes, non pas d’aviation, non pas de trains, mais bien de bateaux.

En compagnie de notre invité, Grégory Cloutier, qui est directeur par intérim au Secrétariat à la stratégie maritime.

Bonjour, Grégory.

- Bonjour, Gilles.

- On travaille à la stratégie maritime, j’espère qu’on sait nager un peu?

- Oui, en effet, Gilles!

Plusieurs années de natation à mon actif, mais je te dirais que nager dans le fleuve Saint-Laurent, par exemple, c’est une autre paire de manches.

- Oui, sans aucun doute! Grégory, avant d’arriver à la stratégie maritime, est-ce qu’on était au ministère des Transports? Et si non, est-ce qu’on était dans le monde du bateau?

- En fait, peut-être pas directement dans le monde du bateau, mais indirectement, oui. En fait, moi, j’ai commencé ma carrière au gouvernement au ministère du Tourisme en 2000.

Donc, j’avais entre autres la responsabilité de faire la promotion du Grand Nord, mais aussi de tout ce qui aventure écotourisme au Québec.

Donc, j’ai eu la chance, Gilles, de découvrir, d’explorer le fleuve Saint-Laurent sous plusieurs angles au cours de ma carrière au ministère du Tourisme, et je te dirais que c’est beaucoup ça qui m’a donné cette passion-là envers le Saint-Laurent.

Par la suite, bon, j’ai décidé de changer de carrière pour me diriger davantage au Secrétariat à la stratégie maritime, mais je suis arrivé, dans le fond, le 10 mars 2020 physiquement au ministère des Transports, donc trois jours avant la pandémie.

Alors, je te dirais que, encore en date d’aujourd’hui, il y a une pancarte à mon bureau pour me dire « bienvenue dans l’équipe », alors c’est assez récent.

- Passons aux choses sérieuses, qu’est-ce qu’une stratégie maritime?

- Une stratégie maritime, c’est un certain nombre d’actions, de mesures qui visent essentiellement à améliorer des aspects dans le secteur qui nous concerne, qui est le secteur maritime.

Dans le fond, Avantage Saint-Laurent, c’est trois grandes orientations, et je vais te les nommer, Gilles, parce que c’est vraiment ce qui guide l’ensemble des actions dont on va parler un peu plus tard.

La première orientation, c’est de doter le Saint-Laurent d’infrastructures portuaires modernes et compétitives, la deuxième est d’assurer sur le Saint-Laurent, une navigation efficace et respectueuse des écosystèmes, et la troisième orientation est d’offrir aux communautés maritimes des possibilités de développement prometteuses et durables.

Donc, avec Avantage Saint-Laurent, ce qu’on cherche réellement à faire, c’est d’assurer un équilibre justement entre le développement économique et la protection des écosystèmes.

- Bon, on présume que ça se fait quand même déjà, parce que c’est pas d’hier qu’il y a des bateaux, qu’il y a du trafic sur le Saint-Laurent, mais ce que je comprends, c’est qu’on veut intégrer toutes ces grandes orientations, donc, c’est ça?

- Effectivement, il y a déjà eu une stratégie maritime, qui a été lancée en 2015, qui était beaucoup plus large. La stratégie actuelle, Avantage Saint-Laurent, se veut beaucoup plus ciblée, encore une fois autour du transport maritime et la protection des écosystèmes.

Donc, évidemment, on juge qu’on ne peut plus développer de la même façon que l’on faisait il y a une cinquantaine d’années. Là, on veut vraiment intégrer tous les aspects environnementaux, pour assurer un développement qui est respectueux de l’environnement.

- Est-ce qu’on peut détailler quand même un peu plus à propos de l’environnement? Parce que ça préoccupe quand même beaucoup de monde, et à juste titre.

- Exacte.

Bien, voyez, sur les 12 mesures qu’on a actuellement avec Avantage Saint-Laurent, je vous dirais qu’il y en a 4 ou 5 qui concernent directement l’environnement.

On a, par, exemple une mesure qui sert à atténuer les impacts de la navigation sur les écosystèmes. Donc, il y a un beau partenariat qui est en train de se mettre en place avec le Réseau Québec maritime, qui fait d’ailleurs plusieurs universités au Québec, qui vise en fait à trouver des solutions concrètes à des problèmes, justement, qu’on peut rencontrer lorsqu’on développe des projets au niveau maritime.

Donc, c’est toujours dans le but de trouver des solutions concrètes pour atténuer les impacts de la navigation.

Donc, ça, c’est une mesure qu’on considère comme très importante.

On a également une mesure qu’on travaille avec le Fonds d’action du Saint-Laurent, encore une fois pour travailler différents projets pour améliorer et protéger les écosystèmes.

On a également une mesure qui concerne les navettes fluviales, principalement dans la région de Montréal, pour tenter de diminuer le trafic routier, pour compenser avec des navettes fluviales, ce qui effectivement avantagerait le Québec au niveau de la diminution des GES.

Donc, il y a vraiment un pan assez important de la stratégie qui est consacré à l’environnement.

- Parlons maintenant de ce que vous appelez le corridor intelligent. Qu’est-ce que c’est?

- Le corridor économique intelligent est une mesure phare, en fait, d’Avantage Saint-Laurent. C’est une mesure qui est assez importante et qui, en fait, respecte les mêmes objectifs que la stratégie, soit d’améliorer la fluidité, l’efficacité du fleuve Saint-Laurent tout en protégeant ses écosystèmes.

Donc, en réalité, ce qu’on veut faire, c’est de mettre en place des systèmes de transport intelligents pour faciliter la fluidité du transport maritime et des activités portuaires.

Donc, en gros, c’est faire un peu de l’espace maritime québécois un lieu où les armateurs, les administrations portuaires, les pilotes de navires et les acteurs de la chaîne logistique peuvent tirer avantage de l’intelligence artificielle pour améliorer leurs opérations.

Ça, c’est évidemment un élément important, mais qui va également permettre de protéger les écosystèmes avec différentes technologies qui n’existaient pas il y a quelques années.

- Le balado du ministère des Transports, une production de la Direction générale des communications.

Dans toute cette grande stratégie maritime d’Avantage Saint-Laurent, il y a sûrement des avantages économiques supplémentaires à prévoir pour le Québec?

- 85 % de ce qu’on consomme arrive par bateau. Donc, déjà avec ce chiffre, on imagine facilement que le fleuve Saint-Laurent, évidemment, est un incontournable.

On parle de 110 millions de tonnes de marchandises transbordées.

Donc c’est pas banal, et effectivement, de ne pas développer le fleuve Saint-Laurent n’est pas une option parce que quand on regarde les différents compétiteurs du Québec, que ce soit Détroit ou New York, on voit que ces administrations portuaires là investissent pour demeurer compétitives.

Alors, pour le Québec, le fleuve est une grande porte d’entrée qu’on doit protéger, qu’on doit développer pour s’assurer de maintenir notre compétitivité à l’échelle internationale.

- Alors, j’imagine que la nouvelle qu’on a apprise en octobre à propos de, bien, c’était dans le cadre ou autour de la Journée maritime québécoise 2021, il y avait une annonce, c’était le lancement d’un programme de 100 millions pour la mise en œuvre de la vision maritime Avantage Saint-Laurent. Alors, j’imagine que tout ça s’inscrit dans le même processus, c’est ça?

- Absolument.

En fait, l’annonce que la ministre Rouleau a faite sert exactement à ça, c’est-à-dire de moderniser les infrastructures au Québec, de les rendre plus compétitives, plus fluides, s’assurer justement qu’on soit en mesure d’avoir une compétition justement avec les autres destinations qui nous entourent.

- Et ça, ça fait partie de la grande enveloppe de, ma foi, plus de 900 millions qui est réservée pour mettre en œuvre les mesures liées aux orientations que tu as mentionnées plus tôt. C’est ça?

- Exactement. Le budget total d’Avantage Saint-Laurent est de 926 millions, et sur cette somme-là, il y a un 100 millions qui a été annoncé cette semaine pour miser sur la compétitivité et la modernisation des équipements et des infrastructures portuaires.

- Est-ce que le transport des marchandises par la voie du Saint-Laurent, ça présente ou ça peut présenter des avantages en matière de développement durable?

- Oui, absolument.

On sait que le transport maritime, comparativement à d’autres modes de transport, est plus écologique.

Quand on parle de, par tonnes transportées, on sait qu’au niveau de la navigation, c’est moins polluant. Donc, effectivement, de transporter notre marchandise par bateau, pour le Québec, c’est un avantage certain, puisqu’il y a une diminution de GES assurée avec cette stratégie-là.

- Donc, on a intérêt et avantage, justement, à développer ou à cultiver ce rendement favorable là?

- Oui, absolument.

Mais évidemment, toujours dans une optique, dans un esprit de protection des écosystèmes, parce qu’on est en 2021, lorsqu’on parle d’acceptabilité sociale, on sait que la population est très sensible aux considérations environnementales, donc il faut absolument en prendre compte et s’assurer qu’on puisse développer tout en protégeant.

Et c’est tout sauf en opposition.

C’est difficile parfois, j’en conviens, mais lorsqu’on travaille en amont avec différents promoteurs, on s’aperçoit qu’on est capables de développer tout en protégeant, et c’est vraiment l’objectif du gouvernement du Québec.

- Je pense qu’on a fait un beau grand tour de ce grand fleuve et de ses capacités et surtout de son potentiel. En terminant, Grégory Cloutier, est-ce qu’on a, dans cette stratégie maritime là, un horizon, une fenêtre de temps? On voit que c’est commencé avec les annonces qu’il y a eu en octobre, mais au-delà de ça, on parle d’un plan qui s’étend et se déploie sur combien d’années?

- Bien, écoutez, la vision en général, c’est une vision à long terme, c’est clair, on parle de 15 ans certainement, mais je vous dirais que le plan d’action Avantage Saint-Laurent est un plan d’action sur cinq ans. Donc, les objectifs qui se retrouvent à l’intérieur de ce plan-là, on veut les réaliser à l’intérieur des cinq prochaines années, donc jusqu’en 2025.

- Alors, on va se reparler, j’imagine, pour faire le point en cours de cheminement. Grégory Cloutier, merci beaucoup de la participation à ce balado pour la stratégie maritime qu’on va regarder se développer avec un grand plaisir.

- Merci beaucoup, Gilles, pour l’invitation, c’est très apprécié. Toujours un plaisir de discuter Saint-Laurent.

- Salut!​

- Merci, au revoir!​​